banlieuedemarseille

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Envoyé :Mardi 11 octobre 2005 19:36
Objet :Banlieue de Marseille S38/ 2005

S38 /2005
banlieuedemarseille / semaine 38 : lundi 19 - dimanche 25 septembre


Jeudi 22 septembre 2005 - Marseille 15, futur parc de la Vallée de Séon

Cf. CARTES > BLAY-FOLDEX (BJ,49 - BD,47) / IGN 3145 ET (F,2/3 - E,2-3).

MARSEILLE 15 - Métro 2, station Bougainville, BUS 26 - station Saint-Louis, SAINT-LOUIS - avenue de Saint-Louis, chemin de Saint-Louis au Rove, traverse Adoul, avenue de la Viste, LA VISTE - traverse Bonnet, boulodromes et belvédère de l'église du Père Spinoza, FUTUR PARC DE LA VALLÉE DE SÉON - corniche, lycée de la Viste, terrain de cross, butte "93 N.G.F.", bassin de rétention, rond-point supérieur du centre commercial Grand Littoral, AUTOROUTE A55, MARSEILLE 2 - quai de la Joliette.

22 septembre 2005 (cliquer ici pour consulter l'intégralité de la promenade)
29 février 2004 (cliquer ici pour consulter la promenade du 29 février 2004)

s09204.htm (cliquer ici pour consulter le message S09/2004 )

s382005 bdm.rtf (cliquer ici pour télécharger le texte au format rtf)

Je prépare le festival l'Art des Lieux 2006, enfin si l'on veut bien d'un solitaire comme moi... Je suis arrivé ce matin par le train de 11h15 dans l'intention de participer à une promenade sur le site, sur les chemins qui serpentent au-dessus de la vallée de Séon. Je rejoindrai le Frioul demain pour aider à la mise en place des interventions de "par ce passage infranchi". Tout à l'heure Béatrice m'a dit au téléphone que la promenade n'avait pas commencée et que le groupe était encore devant le lycée Saint-Exupéry.

Depuis la gare Saint-Charles j'ai pris le métro jusqu'à la gare routière de Bougainville. Cet endroit me stimule à chaque passage mais je n'en enregistre pas d'images aujourd'hui . Je me demande si ce n'est pas trop souvent comme cela. Est-ce à dire que je ne commence (à enregistrer des images) que plus tard, quand je suis seul ? Je suis pourtant très attentif aux gens qui m'entourent, aux éléments d'ambiance, à la lumière, au décor, mais je n'en fais pas d'images et je n'en fais pas non plus de descriptions, de récits, je n'écris pas de roman, je vis ces moments-là et c'est tout ? Cette vie autour de moi ne transparaît pas dans banlieuedemarseille ? Je ne construis pas non plus de discours théorique ou d'analyse sur la ville, sur son organisation. Je laisse cela aux spécialistes. Mais je ressens maintenant comme un manque de ne pas faire quelque chose avec cette partie-là de mon expérience : ce moment passé à attendre mon bus sur cette gare routière de Bougainville. Je prends le 26 qui suit la rue de Lyon. La route monte progressivement sur le promontoire de la Viste.

Jusqu'à la création des autoroutes A7 et A55 cette vieille R.N. 8 était le principal accès routier à la ville, bien protégée du pays par ses collines. C'est une leçon de géographie. J'hésite à pousser jusqu'à la Viste pour aller au devant du groupe de promeneurs mais je descends du bus à Saint-Louis afin d'acheter un morceau de pain. J'ai déjà longée de façon partielle cette Route Nationale à ce niveau. Je suis curieux d'y situer avec précision le centre de ce village. Je me demande si il s'agit toujours d'une Route Nationale. Pourquoi n'a-t-elle pas été déclassée ? Finalement je situe le centre de Saint-Louis à environ 4000 mètres de la Cannebière. Le lycée Saint-Exupéry où était fixé le départ de la promenade est tout près mais il est déjà midi. Je descends quand même dans cette direction par le chemin de Saint-Louis au Rove. Un groupe de jeunes attend à un arrêt de bus. J'essaie de deviner où est passé mon groupe à moi ?

Je continue à descendre, mes cartes ne sont pas assez précises pour que je devine l'itinéraire de la promenade. Le haut mur de béton banché d'une école borde la route. Sur la carte la zone en friche du futur parc semble située juste derrière mais je ne trouve aucun passage, aucune prise pour escalader. Par conséquent je rebrousse chemin. À mi-hauteur, juste avant l'endroit où l'aqueduc passe au-dessus de la route je me faufile entre deux grilles de chantier pour monter dans les éboulis de l'escalier de la traverse Adoul. La situation était similaire le 29 février 2004 lorsque je l'empruntai en sens inverse. Les travaux de remise en service du passage public ne semblent toujours pas prévus. De retour sur la Route Nationale je continue en direction de la Viste. Je commence à trouver mon sac à dos un peu lourd. Dans le village, devant la boutique "Nico Pizza" j'hésite à enregistrer une image pour Nicolas. On aperçoit tout au fond un feu de bois.

Harnaché comme je suis, je ne me sens pas du tout prêt à tenir un appareil photo ! Pourtant je me décide tout de même à sortir mon enregistreur de mon sac. Un peu plus haut encore, en prenant la traverse Bonnet sur la gauche j'accède au belvédère de la Viste. En 2004 j'étais arrivé là en longeant la corniche depuis Plan d'Aou. Le terrain est toujours dans le même état de délabrement mais cela n'empêche pas les lycéens d'être installés sous les arbres le long des boulodromes bordés d'herbes folles. La friche de la petite fabrique est toujours là également. J'enregistre de nouvelles images. Je discute du danger que le talus représente avec des jeunes filles curieuses de me voir en train de prendre des clichés du grillage qui est en cours d'installation pour que l'on ne puisse plus aller sur la corniche. Elles me disent que c'est effectivement dangereux, elles me parlent d'un corps qui a été retrouvé dans le bassin tout en bas il n'y a pas longtemps.

De ce point culminant j'observe aux jumelles la vallée de Séon sans trouver trace de mon groupe. Je téléphone pour avoir des nouvelles. Ils ne sont pas loin, de l'autre côté du rocher sur lequel est posé le lycée de la Viste. Christophe m'explique qu'en suivant la corniche mais surtout sans descendre, nous allons forcément nous rencontrer. Je m'engage prudemment sur le flanc du talus, il y a presque un chemin. J'ai repéré un itinéraire vers le haut devant le lycée. Mais j'ai l'impression que l'itinéraire dont parle Christophe est le grand chemin en terre que je vois bien en-dessous ! Je continue tout de même sur ma lancée, la vue est splendide. Je découvre un abri avec les restes d'un feu. Après, le passage repéré aux jumelles s'avère plus difficile que prévu étant donné les sacs que je trimbale. Je fais presque de l'alpinisme. C'est impossible que le groupe ait envisagé de passer par là. Je longe le grillage du lycée situé à quelques mètres de la corniche. Il est trop tard pour faire demi-tour. Je me retrouve soudain dans un petit jardin bien propre, en terrasse devant le self de l'établissement. C'est un peu haut pour sauter dans le terrain vague juste en-dessous mais tout au bout le bosquet d'arbustes dissimule un passage (encore plus improbable que le premier). À ce moment-là, un cuisinier m'interpelle de derrière un carreau avec des grands gestes, l'air complètement ahuri. Il entrouvre une fenêtre. Je lui explique que je me suis retrouvé là par hasard, en cherchant mon chemin. Il me dit que descendre à cet endroit lui semble d'autant plus dangereux qu'il s'agit d'une propriété privée et que des chiens de chasse s'y trouvent enfermés !

Je me sens prêt à écouter son bon sens et je lui demande si je peux passer par le lycée. Il me fait signe qu'il va m'ouvrir la porte à l'autre extrémité du self. Je marche dans cette direction, de mon côté de l'épaisse façade en verre fumé du restaurant. Arrivé là, mon type a disparu et la porte est fermée à double tours. Quelques secondes plus tard je le retrouve en train de téléphoner, l'air complètement paniqué. Étant donnée l'inertie de l'administration, je décide d'escalader. Il ne semble pas y avoir de chien, seulement des ronces et des arbustes bien piquants, des fers à béton dans tous les sens et quelques mètres de dénivelés. Je trouve un arbuste un peu costaud, je me décharge de mon barda, puis je me laisse glisser en tenant les branches.

Au milieu du terrain vague, des pierres qui forment un grand cercle délimitent un vaste foyer. J'observe les alentours mais je ne vois personne. Je domine le terrain de cross dont m'a parlé Christophe au téléphone. Je descends le talus puis je le rappelle. Il est environ 13h30, le groupe est passé par le parc de Bregante puis la Viste. Lui est reparti vers le lycée Saint-Exupéry pour récupérer un véhicule. Il me propose de venir me chercher tard dans l'après-midi. Je m'installe et je commence à pique-niquer en solitaire. C'est de ma faute, je n'avais qu'à pas crapahuter dans des endroits impossibles !

Après mon pique-nique, alors que je scrute le paysage, deux individus me tombent littéralement dessus ! Je sursaute et me retourne la peur dans le regard. Les deux jeunes sont presque aussi surpris que moi. Ils me demandent ce que je fais là. Je me sens comme en devoir de me justifier. Je répète deux fois que je prends des photos, comme pour mettre une distance, pas très rassuré. Ensuite je m'aperçois que l'un d'eux tient une cage dissimulée par un sac en plastique avec un oiseau à l'intérieur. Nous engageons la conversation là-dessus. Ils ont l'habitude d'attraper des oiseaux mais il ne fait pas encore assez froid. Le garçon qui ne parle presque pas tient dans ses mains des sortes de genêts pleins de glu. Je leur dis qu'ils m'ont fait peur. Ça a l'air de les amuser. Nous parlons de l'aménagement du futur parc de la vallée de Séon, à moitié réalisé. C'était mieux avant, quand c'était un communal, je ne saisis pas bien le sens de l'expression, ils me parlent vaguement d'une sorte de réserve de chasse, en résumé un grand coin de nature qu'ils ont toujours vu depuis leurs fenêtres.

Je présente sommairement ce que je connais du projet de festival, puis ma démarche, mes promenades. Ils connaissent le paysage comme leur poche, ils me renseignent sur le nom des quartiers que l'on aperçoit tout au fond : les Chaudsbois, la Colline Verte, des noms qui ne sont sur aucune carte. Après ils s'en vont, peut-être comme si ils m'en avaient trop dit. Je ne sais pas dans quelle direction je vais partir. J'hésite à m'installer là et à farnienter ? Je regrette de ne pas les avoir photographiés avec leur matériel de chasse. J'aurais pu tout du moins photographier l'oiseau dans sa cage, un Chardonneret magnifique, plein de couleurs. J'aurais dû leur demander de me faire visiter la Bricarde, prendre un rendez-vous, échanger nos adresses, nos numéros ? Je commence à zoomer dans le paysage, j'enregistre plusieurs images de Saint-André et Saint-Henri qui semblent d'ici se toucher alors que justement je me souviens de l'espace flottant qu'il y a entre les deux noyaux villageois. À moins que l'image que j'ai en tête ne soit plutôt située entre le haut de l'Estaque et Saint-Henri ?

Finalement je pars du côté de Saint-Louis, en me disant que je vais bien trouver un passage. La butte côtée " 93 N.G.F. " sur la carte de l'I.G.N. délimite un tout petit vallon lové derrière elle. Depuis le terrain de cross on franchit une petit col, puis on semble pouvoir descendre par un chemin coupant en deux le sommet de la butte comme une mini intervention de Land-Art. En bas coule un mince filet d'eau qui vient peut-être d'une source toute proche. Les maisons sont à quelques dizaines de mètres au-dessus mais le chemin disparaît dans les ronces. Je ne me sens pas en état de continuer là-dedans. Je fais demi-tour.

Je reviens sur mon lieu de déjeuner, il est déjà 16h30 ! Je contemple à nouveau le paysage. Le site est gigantesque. Je me demande ce qui peut réunir les gens qui habitent en périphérie de cette étendue, j'ai envie de dresser une carte complète du futur parc, de ses accidents, de ses rochers, ses grottes, de mes trouvailles, d'établir un plan d'aménagement minimum réalisable avec très peu de moyens. Je rappelle Christophe qui est au centre social de Plan d'Aou, nous convenons qu'il passe me prendre sur le rond-point situé devant le Leroy Merlin, tout au bout de cette voie circulaire qui dessert le centre commercial Grand-Littoral et qui n'a aucun nom sur mes cartes de Marseille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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